Election

Dans exactement un mois, les Canadiens se rendront aux urnes pour la 43e élection fédérale.Les libéraux de Justin Trudeau se battent pour être réélus contre les conservateurs d’Andrew Scheer, actuellement dans l’opposition. Le Nouveau Parti démocratique, sous la direction de Jagmeet Singh, le Parti vert d’Elizabeth May, et le Bloc québécois, sous la direction du chef Yves-François Blanchet, espèrent également faire des gains.

Alors que nous approchons de la dernière ligne droite avant les élections, REPM a rassemblé certains des événements les plus importants du mois dernier, ainsi qu’un aperçu de ce à quoi s’attendre en politique fédérale au cours du prochain mois jusqu’au 21 octobre.

Le mois dernier


11 septembre : Lancement officiel de la période de campagne

Le 11 septembre 2019, Justin Trudeau a demandé au gouverneur général de lancer officiellement la 43e campagne électorale. Avec l’élection prévue pour le 21 octobre, cela donne une période de campagne totale de 41 jours. Les partis peuvent maintenant dépenser jusqu’à 28 millions de dollars jusqu’aux élections, une augmentation par rapport aux 2 millions de dollars qu’ils étaient autorisés à dépenser pendant la période préélectorale qui a duré du 30 juin jusqu’au déclenchement des élections.

12 septembre : Premier débat électoral

Le premier débat de la saison électorale a eu lieu le lendemain du déclenchement des élections, le 12 septembre. Andrew Scheer, Jagmeet Singh et Elizabeth May ont assisté au débat, organisé par Maclean’s et CityTV. Le chef libéral et premier ministre Justin Trudeau a été le seul chef invité à choisir de ne pas assister au débat et de passer sa soirée à un rassemblement à Edmonton.

Contrairement à ce qui s’est passé en 2015, où Trudeau avait fait de la participation aux débats un élément clé de sa stratégie de campagne, cette fois-ci, l’approche privilégiée semble être de faire profil bas et de concentrer les efforts dans certaines régions. Étant donné que les élections se dérouleront probablement dans quelques circonscriptions clés, ce n’est peut-être pas une mauvaise stratégie pour les libéraux. Cela dit, certains électeurs pourraient percevoir son absence comme le signe d’un changement par rapport à la personnalité univoque et accessible qui a porté Trudeau au pouvoir en 2015.

16 septembre : M. Bernier est invité de façon controversée à participer aux débats de la campagne électorale

La Commission des débats des chefs, dirigée par l’ancien gouverneur général David Johnston, a infirmé sa décision initiale de ne pas inviter Maxime Bernier, chef du Parti populaire du Canada, aux débats télévisés qui auront lieu en octobre. À la suite d’un appel de Bernier et d’une révision de la décision antérieure, la Commission a déterminé que Bernier répond aux critères nécessaires pour assister aux débats.

Les réactions à cette décision ont été variées : Singh et Scheer l’ont critiquée, May l’a qualifiée d’« équitable » et les libéraux se sont pliés aux décisions de Johnston. L’ajout de M. Bernier porte à six le nombre total de chefs débattant, ce qui réduira le temps dont disposeront les premiers à débattre. Bernier est également connu pour ses points de vue d’extrême droite, en particulier sur l’immigration, qui risquent d’agiter le débat et d’envenimer l’atmosphère générale.

18 septembre : Publication des photos de Trudeau en « brownface »

Plusieurs partis se sont débattus avec la révélation du passé laid des candidats sur les médias sociaux, ce qui a parfois donné lieu à de vifs débats sur la question de savoir si ces candidats devaient démissionner ou continuer à se porter candidats après s’être excusés. Les libéraux ont publié plusieurs anciens billets de candidats de l’opposition, ce qui a surtout causé du chagrin au Parti conservateur.

Le 18 septembre, cependant, les rôles ont étés inversés pour les libéraux. Le magazine d’actualité américain TIME a publié en 2001 une image de Trudeau en « brownface » lors d’une soirée sur le thème des « Nuits de l’Arabie ». Cela a plongé la campagne électorale dans le chaos, avec des excuses de Trudeau, des réponses des chefs des partis d’opposition, deux autres reportages sur Trudeau en « blackface » ou en « brownface », et une deuxième présentation d’excuses de Trudeau qui ont toutes suivi dans les 24 heures suivant le premier reportage médiatique.

Il est trop tôt pour dire comment les images de « brownface » et « blackface » influeront sur les intentions de vote. Néanmoins, il y a plusieurs points analytiques à faire valoir au sujet de l’impact potentiel de ce scandale. L’un des effets immédiats de cette révélation est la réorientation de la stratégie libérale qu’elle exige. Jusqu’à maintenant, la stratégie libérale s’est largement appuyée sur la recherche de l’opposition pour dénoncer les opposants et convaincre les électeurs que les autres partis, surtout les conservateurs, sont remplis de mauvaises personnes.

En tandem, ce scandale crée une ouverture bien nécessaire pour le Nouveau Parti démocratique (NPD). Jusqu’à maintenant, le NPD a été largement ignoré dans la campagne électorale et on prévoit qu’il perdra la plupart de ses sièges. À la suite de la révélation initiale du « brownface », les médias canadiens se sont tournés vers le chef du NPD, Jagmeet Singh, pour obtenir ses commentaires. M. Singh a donné une réponse convaincante et ses commentaires ont été largement diffusés dans les médias d’actualité et les médias sociaux. En se tournant un peu vers le NPD, il est possible que les indiscrétions de Trudeau profitent au parti de Singh.

Cela dit, il est fort possible que la révélation du « brownface » ait peu d’impact sur le nombre de sièges, surtout si l’on tient compte du manque apparent d’attention au Québec, une région où Trudeau doit conserver des sièges afin de gagner un gouvernement majoritaire. Même si l’appui populaire pour les libéraux diminue, l’impact devra être concentré dans des circonscriptions précises afin d’affecter sérieusement le nombre de sièges des libéraux.

Le mois prochain


Les 7 et 10 octobre : Débats électoraux officiels

Bien que plusieurs débats aient été organisés par divers médias et groupes de recherche, seuls deux débats officiels sont organisés par la toute nouvelle Commission aux débats des chefs. Le débat en anglais aura lieu le 7 octobre et le débat en français le 10 octobre. Étant donné qu’ils se trouvent dans les deux semaines qui suivent les élections, ce seront des moments importants pour les chefs de gouvernement de lancer leurs appels aux électeurs. Il est probable qu’une grande partie de la conversation sera constituée d’attaques d’autres partis contre les libéraux et des réfutations de Trudeau.

21 octobre : jour du scrutin !

Dans exactement un mois, les Canadiens auront un nouveau groupe de 338 députés. Pour l’instant, il semble que les élections seront serrées jusqu’au tout dernier jour. Il y a quatre résultats potentiels à l’élection, tous avec des probabilités à peu près équivalentes de se produire : les libéraux et les conservateurs sont tous deux capables de remporter soit un gouvernement majoritaire, soit un gouvernement minoritaire.

Il reste plus de quatre semaines avant le jour de l’élection et il peut encore se passer beaucoup de choses. REPM vous tiendra au courant des analyses et des opinions politiques à chaque étape de la campagne.

Rédigé par Evelyne Goulet. Traduit par Samuel Moir-Gayle. 

Les opinions exprimées dans cet article sont uniquement celles de l’auteur et ne reflètent pas la position de la Revue d’études politiques de McGill ou de l’Association des étudiants en sciences politiques.


Image vedette d’Ishmael N. Daro, via Flickr Creative Commons.