Election

Dans trois mois exactement, les Canadiens se rendront aux urnes pour la 43e élection fédérale. Les libéraux de Justin Trudeau se battent pour être réélus contre les conservateurs d’Andrew Scheer, actuellement dans l’opposition. Le Nouveau Parti démocratique, sous la direction de Jagmeet Singh, le Parti vert d’Elizabeth May, et le Bloc Québécois, sous la direction du chef Yves-François Blanchet, espèrent également faire des gains.

À l’approche du mois d’août, REPM a rassemblé quelques-uns des événements politiques les plus importants du mois dernier, ainsi qu’un aperçu de ce à quoi s’attendre en politique fédérale au cours du mois prochain.

Le mois dernier :


1. Trudeau veut montrer que « le Canada est de retour » aux rencontres internationales

Le premier ministre Justin Trudeau a passé le mois dernier à diverses réunions internationales. En plus d’avoir divers effets sur les relations internationales du Canada, la présence internationale de M. Trudeau a aussi un impact au pays, où il espère montrer aux électeurs que sa gestion des affaires internationales lui vaut un second mandat.

L’OTAN 

Trudeau a rencontré le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg le 15 juillet. M. Stoltenberg a approuvé les dépenses de défense du Canada, malgré les critiques antérieures selon lesquelles le Canada n’atteignait pas ses objectifs de contribution à l’organisation du traité militaire. Le premier ministre a particulièrement attiré l’attention sur les trois Canadiennes qui commandent actuellement des missions de l’OTAN, peut-être pour souligner l’importance que son parti accorde à l’accroissement de la participation des femmes aux postes de paix et de sécurité partout dans le monde.

Sommet UE-Canada :

De retour au pays, M. Trudeau a accueilli les dirigeants européens au sommet UE-Canada, où il a insisté pour que les 28 États membres de l’UE continuent de ratifier l’Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l’UE. L’AECG a été ratifiée par le Parlement canadien l’an dernier, mais elle doit maintenant être ratifiée individuellement par chaque État membre de l’Union européenne. Plus de la moitié des États membres n’ont pas encore ratifié l’accord.

Pour compliquer les choses pour Trudeau, sept députés canadiens — dont la chef des Verts Elizabeth May et le chef du NPD Jagmeet Singh — ont envoyé une lettre demandant aux législateurs français de ne pas ratifier l’accord, qui, selon eux, donne trop de droits aux entreprises au détriment « des gens, des collectivités et de l’environnement ». Plusieurs organisations d’entreprises canadiennes, dont la Chambre de commerce du Canada, ont publié une déclaration commune condamnant ces députés pour avoir menacé la certitude commerciale et avoir « miné les Canadiens ». Trudeau a aussi dénoncé la position du NPD, la qualifiant de « malheureuse ».

Une attention accrue des médias à ce clivage pourrait créer un changement dans l’opinion publique, peut-être en influençant les positions des électeurs sur la manière dont chaque parti traite les questions commerciales. Il est fort possible que cela nuise au NPD et aux Verts si leur position est perçue de la même façon qu’elle a été présentée par les chefs d’entreprise et les autres partis : mal informée. Cela pourrait être dangereux pour les deux partis qui, en tant que troisièmes partis, luttent déjà pour être perçus comme légitimes par l’électorat.

Sommet du G20 :

Trudeau a également assisté à la réunion du Groupe des vingt (G20) au Japon, où il s’est entretenu avec le président chinois Xi Jinping dans le cadre d’un conflit diplomatique et commercial entre les deux pays. Le cabinet du premier ministre prétend que ces pourparlers ont été « positifs » et « constructifs », mais les électeurs auront probablement besoin de voir un véritable changement dans les relations avant d’accorder de la clémence à Trudeau dans sa gestion des affaires Canada-Chine.

2. Singh fait campagne au Québec

Jagmeet Singh a entamé sa tournée d’été dans tout le pays dans l’espoir d’obtenir l’appui du NPD, qui est actuellement à la traîne dans les sondages. Le chef a commencé sa tournée au Québec la semaine dernière, une province dont on prévoit actuellement que les 15 sièges du NPD seront tous perdus.

Bien que Singh ait tenu tête aux journalistes, leur disant qu’il n’était pas préoccupé par la diminution de l’appui du Québec, la province a une valeur électorale et symbolique cruciale pour un parti qui a remporté l’opposition officielle en 2011 grâce à la « vague orange » qui a pris le Québec.

La présence de M. Singh au Québec revêt une importance particulière étant donné que la tournée a lieu à un moment où la province débat de la légitimité des fonctionnaires qui portent une tenue religieuse « ostentatoire ». Singh, qui porte un turban et un kirpan, s’est engagé à mener la lutte contre le projet de loi sur la laïcité du Québec au niveau fédéral. Il reste à voir si Singh peut effectivement se faire connaître de cette façon, ou si sa présentation religieuse présentera une faiblesse dans une province qui appuie fortement l’interdiction des couvre-chefs religieux.

3. Le Parti vert recrute Warren Kinsella pour l’équipe de campagne

Un ancien conseiller éminent du premier ministre libéral Jean Chrétien a changé d’allégeance cette saison électorale. Il a été annoncé le 12 juillet que Warren Kinsella aidera la chef du Parti vert Elizabeth May dans sa tentative d’augmenter les gains du parti de ses deux sièges actuels (historiques) à la Chambre. Kinsella apportera une aide spécifique en matière de « recherche de réponse stratégique et d’opposition à l’appui du chef et des candidats ».

Les Verts espèrent vraisemblablement voler les votes d’un groupe de libéraux qui ont perdu confiance dans la façon dont le gouvernement gère les changements climatiques à la suite du traitement des questions environnementales par Trudeau, y compris l’achat du pipeline Trans-Mountain de Kinder Morgan, qui est controversé. La connaissance intime de Kinsella de la stratégie du Parti libéral, ainsi que l’attention qu’il porte aux libéraux de Trudeau et les critiques qu’il leur adresse seront un atout précieux pour le parti qui, autrement, ne disposerait pas de ressources électorales importantes.

Le mois prochain :


1. Campagne informelle des candidats dans les circonscriptions

La Chambre des communes étant maintenant en vacances d’été, la plupart des députés et leur personnel se sont rendus dans les circonscriptions pour commencer à mettre les choses en place en vue de la prochaine campagne. Les activités de porte-à-porte sont de plus en plus fréquentes partout au pays, et les parlementaires passent plus de temps à montrer leur visage lors d’événements communautaires.

L’été précédant le lancement officiel de la campagne est un moment crucial, car les candidats tentent d’obtenir des dons de dernière minute et d’accroître la popularité et la reconnaissance du nom dans la communauté. Nous observerons certainement une poussée particulièrement forte avant la campagne dans les circonscriptions où les sièges des sortants sont en jeu.

Parmi les candidats sortants qui sont susceptibles d’exercer des pressions de plus en plus fortes, mentionnons presque tous les députés néo-démocrates non retraités, plusieurs libéraux dans les circonscriptions changeantes et même quelques ministres libéraux, dont la ministre de l’Environnement et députée d’Ottawa-Centre, Catherine McKenna.

Rédigé par Évelyne Goulet, Eyitayo Kunle-Oladosu et Lewie Haar. Traduit par Samuel Moir-Gayle. 

Les opinions exprimées dans cet article sont uniquement celles de l’auteur et ne reflètent pas la position de la Revue d’études politiques de McGill ou de l’Association des étudiants en sciences politiques.


Image vedette d’Ishmael N. Daro, via Flickr Creative Commons.